LES 5 CLEFS DE MONSIEUR WILLY KITOBO AFIN D’OUTREPASSER LA CRISE DANS LES MINES DE LA RDC
Il est possible pour la Rd Congo de minimiser de manière considérable l’impact négatif de la pandémie de coronavirus sur le secteur minier et par ricochet, sur l’économie nationale. Une analyse du ministère des Mines évoque certaines mesures à prendre et à appliquer avec un bon suivi pour y parvenir.
En effet, il est évident que la RDC, dépourvue de fonds de stabilisation ou autres fonds souverains, ne saurait tenir le coup en cas d’arrêt brusque de la production minière des projets phares qui y opèrent, si ceux-ci invoquent le cas de force majeur. Celui-ci aura également des conséquences fâcheuses sur l’ensemble de l’économie tant que l’onde de choc qui en résultera atteindra tous les secteurs, de la sous- traitance aux petits fournisseurs, sans parler du secteur bancaire, etc.
Partant de l’hypothèse crédible selon laquelle il ne devrait pas y avoir de fortes perturbations au niveau des prix des métaux stratégiques pour l’économie congolaise, tels que le cuivre et le cobalt, suite aux effets combinés d’une baisse de l’offre et de la demande, le ministre des Mines, Willy Kitobo Samsoni table sur un relèvement des cours du cuivre et du cobalt, du fait de la reprise de l’activité économique en Chine.
« Cette option ne pourrait, cependant, être bénéfique au pays que si le niveau actuel de la production est maintenu, d’une part, c’est-à-dire s’il n’y a pas confinement dans nos zones d’exploitation minière et si, d’autre part, les exportations ne sont pas entravées par un confinement dans les pays de transit », a – t – il estimé.
De ce fait, cinq principales mesures de mitigation sont à prendre contre les différents impacts certains du COVID-19 sur le secteur minier. Elles consistent notamment à :
- limiter les mesures de confinement aux seules activités non essentielles et maintenir la production industrielle en l’encadrant au maximum pour limiter la contagion ;
- faciliter l’approvisionnement en intrants et l’évacuation des produits miniers marchands ;
- ne recourir aux incitations fiscales qu’en cas d’extrême urgence, lorsque les prix baissent en-deçà d’un seuil plancher, et cela par le biais d’un moratoire, mais nous n’en sommes pas encore là ;
- encadrer le secteur artisanal, qui emploie une grande partie de la main- d’œuvre
- envisager des voies alternatives d’évacuation de nos produits miniers marchands, en privilégiant, à moyen terme, la voie nationale pour plus de souveraineté.
A en croire le ministre des Mines, la source majeure de l’incertitude qui plane sur le secteur minier est la durée de la période des confinements et autres états d’urgence qui s’appliquent souverainement dans les Etats, en l’occurrence dans les pays de transit des intrants et des produits marchands à l’exportation et ceux où se situent les marchés de ces produits.
« Dans l’hypothèse, heureuse, où l’état d’urgence sanitaire global serait de courte durée, l’économie mondiale devrait pouvoir se remettre au plus vite. Les cours des commodités essentielles pour la vie moderne, dont le cuivre, devraient se relever rapidement. On en tiendrait déjà pour preuve que le prix du cuivre, qui était descendu à 4 617,50 USD la tonne le 23 mars 2020, a refranchi la barre de 5 000 USD/tonne depuis le 07 avril 2020 et, de même, le cours du cobalt se stabilise à 29 500 USD/tonne depuis le 23 mars 2020 après une chute à 27 500 USD la tonne en date du 12 mars 2020 »,a – t – il indiqué.
Au regard des statistiques provisoires du premier trimestre 2020, les exportations de cuivre ont augmenté de 12,75% par rapport à la même période en 2019, bien que l’augmentation n’ait été que de 4,02% et 9,95%, respectivement pour les mois de février et mars 2020.
Les exportations de cobalt, elles, ont connu une baisse de 15,18%, par rapport à 2019, au cours du premier trimestre, bien qu’une légère augmentation ait été observée sur les exportations de cobalt au mois de mars 2020 par rapport à janvier et février 2020.
Pour l’instant, nonobstant la crise liée au COVID-19, la production de cuivre n’était pas très affectée au cours du 1er trimestre 2020, comparée à la même période en 2019. La baisse de production de cobalt étant toutefois sensible, sur la même période.
Bien que la conjoncture internationale soit caractérisée par la baisse de la demande mondiale et des cours mondiaux de principaux produits miniers rendant l’économie congolaise vulnérable vis-à-vis des chocs exogènes, l’enjeu de la prise de ces mesures et leur application stricte constitue toute une stratégie pouvant éviter que la crise sanitaire d’aggrave de manière exponentielle la crise économique. Ce qui déboucherait, à son tour, sur une crise sociale.
Emilie MBOYO
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