Il y a 24 ans (17 mai 1997- 17 mai 2021), l’AFDL a vaincu le régime du Maréchal Mobutu.


Voici l’histoire de son leader Laurent-Désiré Kabila, 3 ème président de la RDC.

Page d’histoire : Laurent-Désiré Kabila ou le jeune nationaliste Lumumbiste qui devint président de la République !

A l’occasion de la commémoration du 20ème anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila (16 janvier 2001-16 janvier 2021), nous allons survoler la carrière politique de ce leader congolais qui a été proclamé héros national aux côtés de Patrice-Emery Lumumba.
Nous allons voir 4 de ses grands combats politiques.

I. Le combat de l’unité nationale.

  1. Pour bien comprendre ce combat de Laurent-Désiré Kabila, il faut évoquer la situation de l’entité politique dénommée  » Afrique Équatoriale Française  » (AEF en sigle). C’est une colonie française qui a existé de 1910 à 1958 et qui avait comme capitale Brazzaville. D’une superficie totale de 2.500.000 km2, elle était un peu plus grande que le Congo-belge qui faisait (et qui fait toujours) 2.345.000 km2.
    En 1958, l’AEF va éclater et donner naissance à 4 États africains autonomes: le Congo-brazzaville (anciennement appelé Moyen-Congo), le Gabon, la République Centrafricaine (ancien Ubangi-Chari) et le Tchad.
    En 1960, ces États vont devenir indépendants: le Tchad le 11 août, la Centrafrique le 13 août, la République congolaise (C’est le nom officiel pour se différencier de la République du Congo d’en face) le 15 août, avec comme capitale Pointe-Noire et le Gabon le 17 août 1960.
  2. Ce modèle de décolonisation française va inspirer certains leaders congolais et belges qui considèrent que le Congo-belge peut et doit être divisé en plusieurs États indépendants.
    Patrice Emery Lumumba est le chef de file de ceux qui pensent que les 80 ans de colonisation belge, et les souffrances qui en ont découlé, ont permis le brassage des tribus congolaises et donné naissance à une  » Nation « , la Nation congolaise. Il n’est donc pas question de morceller le Congo. D’où l’appellation des  » nationalistes  » attribuée à ce groupe.
  3. Aux élections législatives et sénatoriales de mai 1960, la population congolaise adhère au projet de société des nationalistes Lumumbistes (Une Nation, un pays) en leur attribuant la majorité des sièges dans les deux chambres du Parlement. C’est ainsi que Patrice Lumumba devient premier ministre, chef du gouvernement.
    À la suite d’un accord politique conclu avec Joseph Kasa-vubu, le président de l’ABAKO, Lumumba va demander à sa majorité parlementaire de voter en faveur de Joseph Kasa-vubu comme président de la République. Ce qui fût fait le soir du 24 juin 1960: Kasa-vubu est élu Président de la République.
    Le jeudi 30 juin 1960, le roi des belges, Baudouin 1er, proclame l’indépendance de la République du Congo.
  4. Le 11 juillet 1960, soit 11 jours seulement après la proclamation de l’indépendance du Congo, Moïse Tshombe, poussé par les nombreux colons belges qui sont au Katanga et qui ne souhaitent pas quitter le Congo, et soutenu par la Gecamines, proclame l’indépendance du Katanga en créant l’État Indépendant du Katanga.
    Une association katangaise s’oppose à la décision de Tshombe de découper le Congo en faisant sécession. L’association s’appelle la Balubakat (les baluba du Katanga) et elle est dirigée par Jason Sendwe.
    A ce stade, il est important de donner quelques éclaircissements. Les baluba du Katanga est une tribu du Katanga différente de ceux qu’on appelle à Kinshasa  » les baluba « , la tribu d’Etienne Tshisekedi et de Mabi Mulumba. A l’Est de la République, on les appelle les  » Batoka Kasai « qui veut dire en swahili les ressortissants du Kasai ou les kasaiens. Les Balubakat (kyungu wa Kumwanza, Ngoyi Mukena, le général John Numbi. . . ) parlent Kiluba tandis que les kasaiens parlent Tshiluba, qui est d’ailleurs une langue dérivée du kiluba (nous y reviendrons dans une autre page si ça intéresse certains).
  5. Le président de la Jeunesse Balubakat (Jeukat), nommé par le président Jason Sendwe, va transformer cette structure politique en une milice armée qui entre en rébellion contre le gouvernement sécessionniste de Tshombe. Le jeune leader nationaliste Lumumbistes a 19 ans et s’appelle Laurent-Désiré Kabila Makolo. Il est né le 27 novembre 1941 (certaines sources parlent de 1939) à Likasi dans l’actuelle province du Haut-Katanga. Fils de Désiré Taratibu (qui veut dire en swahili Pondération, Prudence. . . ) de tribu lubakat (Désiré Taratibu est lui-même fils de Kabila Makolo) et de Jeanine Mafik, de tribu lunda.
    Laurent-Désiré Kabila va mener ce combat de guérilla contre les gendarmes katangais et les mercenaires de Tshombe jusqu’en 1961 en bénéficiant du soutien matériel (les armes, les munitions) et financier que Lumumba envoit à Jason Sendwe.

II. Le combat contre l’impérialisme et le néo-colonialisme.

  1. Après avoir combattu, avec un succès mitigé la sécession katangaise (ce sont les casques bleus suédois des Nations-Unies qui vont mettre fin à la sécession katangaise par une offensive militaire avec le soutien du président américain John Kennedy en janvier 1963), Laurent-Désiré Kabila va réapparaître cette fois-ci sur la scène politique au niveau national en 1963 à. . . Brazzaville !
    Le 29 septembre 1963, le président Joseph Kasa-vubu dissout le Parlement. Quelques députés et leaders Lumumbistes partent en exil au Congo-brazzaville où ils sont accueillis chaleureusement par le nouveau président de la République Alphonse Massamba Débat qui a pris le pouvoir après la chute de l’abbé Fulbert Youlou au mois d’août 1963.
  2. Les exilés congolais créent une structure politique dénommée Conseil National de Libération (CNL) avec comme président l’ancien ministre de l’intérieur du gouvernement Lumumba, Christophe Gbenye.
    Puisque Pierre Mulele, ancien ministre de l’Education nationale de Lumumba a commencé sa rébellion-révolution dans le Kwilu (Ouest du pays) en 1963, Christophe Gbenye décide, à son tour, de lancer la lutte armée contre le pouvoir de Joseph Kasa-vubu et de son premier ministre Cyrille Adoula.
    Gbenye désigne deux de ses cadres du CNL, présents à Brazzaville, pour aller démarrer la rébellion-révolution à l’Est du pays. Les deux cadres en question sont: le secrétaire général des Forces Révolutionnaires, Gaston Sumaili dit Soumialot et le secrétaire général aux Affaires sociales, jeunesse et sport, Laurent-Désiré Kabila.
  3. Ces deux camarades nationalistes vont lancer la grande rébellion de l’Est à partir de la plaine de la Ruzizi au mois d’avril 1964.
    En quelques mois seulement, avec leur armée des  » Mayi-mayi  » (ils sont à l’origine des mouvements Mayi-mayi), ils vont conquérir presque la moitié du territoire national; parce que les militaires de l’ANC, l’armée du général Mobutu, fuient les combats, convaincus qu’ils sont que les combattants rebelles sont invincibles grâce à leurs fétiches.
    Les révolutionnaires Simba s’installent à Kisangani qui devient leur capitale.
  4. Le président de la République, Joseph Kasa-vubu, et son commandant en chef de l’armée, le général Joseph-Désiré Mobutu, dépassés par les événements, vont faire appel à l’ancien sécessionniste katangais, qui a fuit le pays à la fin de la sécession en janvier 1963 et s’est installé en Espagne : Moïse Kapend Tshombe.
    Le 26 juin 1964, Moïse Tshombe débarque à Kinshasa et sera nommé par le président Kasa-vubu informateur. Le 11 juillet 1964, il est nommé premier ministre.
    Après quelques tentatives de négociations infructueuses avec les rebelles, Moïse Tshombe fait appel à ses anciens gendarmes katangais, qui travaillent en Angola comme des supplétifs de l’armée portugaise, et ses anciens mercenaires (Jean Schramme, Bob Denard, Mike Ohara. . . ). Avec l’appui logistique et militaire de la CIA (Service de renseignement américain) et de l’armée belge, le premier ministre Moïse Tshombe va reconquérir en un temps record quasiment l’ensemble du territoire national occupé par les rebelles.
  5. Les chefs rebelles vont tous partir en exil à l’étranger. Christophe Gbenye, Gaston Soumialot, le général Nicolas Olenga, le commandant en chef de l’armée Populaire de Libération (APL), l’armée rebelle. Le général Olenga quitte le Congo et va en Ouganda en compagnie de ses deux neveux, membres de sa garde rapprochée: le jeune François Olenga, qui deviendra un grand général dans les FARDC, et André Kisase Ngandu, qui sera l’un des fondateurs de l’AFDL en 1996.
    Tous les leaders nationalistes sont partis en exil ? Tous, sauf un, qui a décidé de rester au pays et de poursuivre la lutte armée pour la libération du Congo dans les montagnes du Sud-Kivu. Il s’appelle Laurent-Désiré Kabila !

A suivre !

Thomas Luhaka

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