EGCM : le journaliste congolais vit toujours sans salaire

Les Etats Généraux de la Communication et Médias (EGCM) ont débuté ce mardi 25 janvier à Kinshasa. La cérémonie d’ouverture a eu lieu au Kempisky Fleuve Congo Hôtel en présence du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi et quelques officiels.

Plusieurs hommes des médias sont réunis pour diagnostiquer, réfléchir et débattre en vue de formuler des propositions adaptées au contexte actuel de la communication et des médias.

Le modèle économique des médias fait défaut et en atelier, les professionnels des médias vont y réfléchir pour résoudre des problèmes économiques des médias.

De nombreux journalistes prestent sans contrats, ni salaires et les journalistes deviennent des agents marketing. Plus souvent aussi ils deviennent des caisses de résonnance des politiciens qu’ils défendent farouchement en cas de problème.

Témoignages

Dorcas travaillait dans une grande télé de Kinshasa qui est également suivie en provinces. Cet organe de presse a une renommée même à l’international de par sa qualité d’image et son programme. Dorcas a été recrutée en 2019 après un âpre casting. Celle qui a fini en journalisme en 2017 fait l’annonce à sa famille et proches, elle pensait décrocher un gros salaire mais vite elle va déchanter. Dorcas est obligée dans son métier de journaliste d’aller chercher l’argent et des contrats publicitaires pour faire fonctionner son média.

« Je pensais qu’en arrivant ici j’allais beaucoup apprendre parce que je suis nouvelle dans le métier. J’ai été livrée à moi-même sans salaire, ni contrat. Le responsable m’a clairement dit qu’on m’a offert l’espace et à moi de le rentabiliser », raconte-t-elle en souriant mais toujours choquée par la réalité.

Dorcas n’avait pas encore gagné assez d’argent dans le métier et n’avait pas un carnet d’adresses fourni à peine quelques ONG locales. Ses parents ont continué à lui payer le transport pour aller travailler et une fois à la rédaction elle était complètement perdue. Au début elle accompagnait certains collègues à leurs reportages et se contentait des miettes de transport qu’on lui donnait.

« Je trouvais ça un peu humiliant quand on devait penser à moi à la fin du partage de l’argent. On me remettait parfois 1$ USD (près de 2.000 FC) et je me contentais de ça. Après trois mois j’ai commencé à avoir mes propres reportages mais pendant tout ce temps je n’avais jamais perçu aucun mois de salaire », regrette-t-elle aujourd’hui.

Après une année Dorcas n’a pas pu supporter qu’elle ne soit pas payée, à chaque fois elle doit courir dans deux ou trois manifestations par jour pour pouvoir s’en sortir financièrement. Parfois elle ne gagnait rien.

« J’ai dû abandonner au bout d’un an, c’était une débauche d’énergie inestimable. Ce qui était choquant c’est de voir le Directeur Général changer des voitures de luxe chaque mois mais incapable de nous payer même 100 Francs », nous apprend Dorcas qui s’est reconvertie dans un autre domaine mais qui promet de revenir dans la presse parce que c’est son rêve.

Jacques lui, est dans le métier depuis cinq ans mais n’a touché un salaire que pour une année. Après avoir fini les études en 2016 il intègre une radio dans la capitale Kinshasa avant de rejoindre trois chaînes de télévision et aujourd’hui il travaille pour un média en ligne.

« Moi j’ai signé deux les contrats mais jamais on ne m’avait payé. C’est à ma quatrième année de service que j’ai touché à un salaire (100 USD le mois) pendant une année. C’était peu mais cela me rassurait même quand je n’obtenais rien dans certains reportages », révèle-t-il.

Jacques est devenu proche de certains politiques et organisations, il ne sait même plus traiter les informations correctement parce qu’il doit survivre : « Comment je vais faire pour payer le loyer et me nourrir ? J’ai des organisations pour qui je couvre je couvre les évènements, obligés de cacher certaines informations à leur profit. Les politiciens m’appellent pour parfois contrattaquer les articles qui les mettent à mal. Cher ami, on n’a pas e choix », dit-il un peu gêné.

De nombreux professionnels demandent de l’appui de la part de l’Etat congolais mais avant tout le chef de l’Etat a demandé à « assainir l’espace médiatique ».

Les Etats généraux de la communication et médias se poursuivent en atelier au centre Nganda à Kintambo. Il y a trois commissions constituées dont celle de viabilité économique des médias qui va formuler à l’Etat des propositions pour un bon modèle économique des médias. Ces assises prendront fin le 28 janvier 2022.

Oncle P/zoometrezoom.com

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