Certains députés de l’Est sont » involontairement obligés » de collaborer avec les rebelles pour atteindre leurs bases
Deux députés nationaux du Nord-Kivu Grégoire Kiro et Kasereka Kiserbo sont accusés de soutenir les rebelles ADF. C’est un certain Kasongo, un rebelle capturé par l’armée régulière qui a livré cette information. C’était lors de son audition par la justice militaire de Beni. L’assistant parlementaire d’un député de l’Est révèle qu’il arrive que certains élus soient soient involontairement en contact avec les rebelles.
Dans le conflit à l’Est du pays, l’armée ne contrôle toute la région. Certaines zones sont contrôlées par de nombreux groupes rebelles. Certains députés doivent se rendre dans leurs bases électorales. » Des rebelles sont parfois vos propres électeurs. Ils sont disséminés partout, dans les villages et difficiles à identifier « , révèle celui dont le chef a été confronté à la même situation.
A l’absence de l’armée, la police et les autres services de renseignements, les députés sont livrés à eux-mêmes sur le terrain pour rencontrer leurs électeurs. » Vous arrivez dans un territoire où il n’y a aucun service de l’Etat, vos électeurs se chargent eux-mêmes de vous sécuriser. En retour ils demandent des machettes, des vêtements et des médicaments. Ils disent même qu’ils se sont constitués en groupe d’autodéfense pour chasser les autres rebelles. En ce moment vous ne soupçonnez rien du tout « , raconte ce jeune assistant parlementaire proche de la trentaine.
Pour ce député il était devenu fréquent d’envoyer des stocks des médicaments, des machettes et houes pour l’agriculture. Un jour il tombe sur un rapport de la Commission Défense. » Celui avec qui il était en communication, qui avait même battu campagne pour lui dans cette zone, est cité dans le rapport comme chef rebelle local. Le rapport mentionne qu’il a des appuis à Kinshasa. L’honorable a retiré son numéro et a changé des collaborateurs « , explique-t-il.
Le président de l’Assemblée Nationale Christophe Mboso avait appelé les députés nationaux à quitter des groupes armés au début de l’instauration de l’Etat de siège en Ituri et au Nord-Kivu. L’Est de la RDC est en proie aux violences il y a plus d’une décennie.